Comment sélectionnez-vous les jeunes ?
Notre objectif est de donner, de manière appropriée, le plus grand nombre possible de bourses aux jeunes les plus intéressés. Notre critère de sélection n’est pas déterminé par le niveau intellectuel des candidats, mais par leur désir de s’en sortir et leurs qualités humaines.
Nous sélectionnons les jeunes dès leur dernière année d’école primaire; ceux-ci nous sont recommandés par les maîtres d’école qui les connaissent. Nous demandons alors à ces élèves de venir dans nos centres pour faire leurs devoirs. C’est en fonction de leur intérêt et de leur persévérance que nous leur proposons de faire la demande officielle d’une bourse. C'est alors que nous faisons une étude socio-économique poussée et que nous vérifions leur niveau scolaire.
Ensuite, nous contactons un directeur d’école privée (celle qui nous semble la plus adéquate pour ce jeune) et nous lui présentons le jeune en question. Nous demandons à l’école le prix le plus bas possible pour les frais de scolarité.
Le comité examine chaque cas avec bienveillance et donne sa décision.
Pourquoi donner des bourses dans des écoles privées, si elles sont si chères ?
La différence entre les collèges privés et publics au Mexique est énorme, surtout dans les favelas où l’enseignement est très négligé. Les écoles privées, en général, sont bien meilleures. Nous voulons offrir les mêmes chances à tous et coopérer à la démocratisation de l’éducation. Ce n’est pas juste qu’il y ait dans l'éducation une discrimination par l’argent. Nous intervenons pour que les écoles privées prennent le risque d’offrir des bourses aux plus pauvres pour qu’ils puissent avoir les mêmes opportunités que les autres. Nous sommes surpris de voir que la majorité des directeurs coopèrent à notre projet. Les écoles nous offrent parfois des réductions allant jusqu’á 50% ou 80%, et parfois même la gratuité des frais de scolarité. Il restera encore à payer tous les frais annexes : frais d'inscription, matériel, uniforme, taxes d'examens… Généralement nous n’inscrivons pas des jeunes dans une école qui n’offre pas de réduction.
Comment font les jeunes pour gérer le choc que représente le changement de niveau social ? Cela doit-être difficile pour un jeune de la rue d’entrer en contact avec des jeunes de niveau social plus élevé ?
La plupart du temps, il n’y a pas de problèmes. Les jeunes se font des amis facilement. Quelques jeunes que nous aidons ont effectivement des difficultés liées, en général, à leur contexte familial : violence, manque de sens de leur responsabilité et de leur rôle éducatif de la part des parents. Pour cette raison, nous nous appuyons sur un accompagnement de type psychologique pour les jeunes qui en ont besoin. Cet accompagnement est surtout une aide qui leur permet d’entrer de manière plus efficace dans leur nouvel apprentissage scolaire. Notre psychothérapeute, que nous avons envoyée au Canada pour y suivre une formation spéciale, les aide à gérer leur énergie pour étudier plus rapidement et vivre plus authentiquement leurs relations personnelles et sociales. Elle voit chaque semaine, durant une heure, les étudiants qu’elle suit.
Vous dites que des parents ont des difficultés liées á l’éducation de leurs enfants ?
Oui. Un des problèmes consiste en ce que la majorité des familles qui vivent dans ces quartiers viennent de petits villages des montagnes aux alentours de Saltillo. Le type d’éducation de ces villages ruraux est très différent de celui d’une grande ville anonyme. Le changement est énorme et rien n’est prévu, au niveau politique, pour prévenir et aider à vivre cette différence. L’adaptation est difficile et souvent se termine par une montée de la violence dans les familles et dans la rue. Nous voulons lutter contre ces difficultés en donnant des cours de formation, chaque quinze jour, aux parents de nos élèves.
Notre objectif, ici, n’est pas d’enlever leur rôle aux parents, bien au contraire, mais de les aider à découvrir un sens plus profond de leur responsabilité parentale. En acceptant cette bourse, les parents s’engagent à assister à toutes les réunions de l’école. Parfois ce n’est pas facile parce qu’ils ne voient pas l’importance de cet engagement. La place de la responsabilité des parents est centrale dans notre programme. Pour nous, c'est un véritable défi.
De plus, les exigences d'une école privée sont beaucoup plus importantes que celles d’une école publique, ce qui panique parfois les parents. C’est pour cela que nous avons des coordinatrices, responsables des liens entre l’école et les parents. Cette coordinatrice, qui est en contact étroit avec les directeurs, explique aux parents comment coopérer avec l'école de leurs enfants.
Les différents membres de notre association:
Notre association est composée d’un grand nombre de participants très engagés. Elle est structurée pour permettre un suivi personnalisé et qualitatif de chaque jeune.
Comité
Le comité analyse chaque cas, choisit les candidats qui vont recevoir la bourse, cherche des dons. Il est responsable du suivi des bourses pour que chaque élève puisse arriver jusqu’au bout de ses études dans les meilleures conditions.
Père Wandrille
Le père Wandrille est responsable des missionnaires, il présente les candidats au comité. Il est l’inspirateur de ce projet, avec le programme « Dibujando Sonrisas » (www.dibujandosonrisas.org.mx).
Psychothérapeute
La psychothérapeute suit au quotidien l’évolution de chaque enfant et travaille à améliorer ses possibilités intellectuelles et son équilibre affectif. Diplômée en sciences de l’éducation, elle a bénéficié d’une bourse de notre association pour suivre un cursus spécialisé de psychothérapie au Canada.
Missionnaires
Les missionnaires vivent dans les favelas, dans les centres communautaires que la Communauté Saint-Jean a construits. Ce sont des bénévoles qui offrent une année de leur vie au service des plus pauvres du Mexique. Ils veillent, au quotidien, à l'engagement des élèves envers toutes les exigences de notre programme de bourses d’études : usage d’Internet, propreté, ponctualité…
Coordinatrices
Les coordinatrices assurent le lien entre l’école, les parents et les centres communautaires. Ce sont des mères de familles bénévoles qui connaissent bien le fonctionnement des écoles privées et qui établissent un contact très étroit avec chaque élève.
Bénévoles
Les bénévoles sont des étudiants et des professeurs qui nous aident, ou réalisent leur service social avec nous. Ils sont présents chaque jour pour donner des cours et remettre à niveau ceux qui ont le plus de difficultés.